Leaders, osez être vous-même!

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“Sans s’affranchir du passé, il n’y a aucune liberté car le mental n’est jamais renouvelé, n’est jamais frais et innocent » J. Krishnamurti

En faisant une synthèse sur le travail d’accompagnement que j’ai fait auprès des leaders et top managers, ces dernières années, je ne peux m’empêcher de constater un schéma récurrent : ces top managers ne sont pas pleinement conscients de la richesse qu’ils peuvent tirer de leur histoire personnelle.

Nos premières expériences de vie entre 0 et 7 ans (parents, éducation, enseignement, environnement social, familial, religieux…) façonnent nos schémas d’être et d’agir. Elles conditionnent nos comportements dans nos vies d’adulte, générant un fonctionnement similaire à un pilotage automatique navigant entre la lutte, la fuite, et l’inhibition. Bien évidemment, ils ont aussi développé des schémas créatifs, pleins de ressources et avec de grandes forces, leur permettant d’agir comme des leaders performants et pleins d’énergie.

La crise sanitaire du Codiv-19 a amplifié ce mode de pilotage automatique, révélant davantage nos anxiétés et démultipliant nos craintes et incertitudes. Les leaders et managers sous la pression du business se retrouvent piégés dans ce maelstrom de tendances réactives et ne savent plus comment lever le pied de l’accélérateur. Ces anciens schémas du passé surgissent de manière encore plus forte, ce qui les maintient dans un status quo, avec un champ de vision rétréci qui ne leur permet pas de voir tous les champs possibles d’actions créatives. La plupart a grandi dans un langage de comparaison, d’exigence, de compétition, de jugement, ce qui les déconnecte de leurs propres besoins et sentiments.

Certains leaders ont une frontière bien distincte entre leur vie professionnelle et personnelle. En effet, pour eux, ces deux mondes ne doivent jamais se chevaucher. Cependant, ils ne réalisent pas que peu importe la situation dans laquelle ils se trouvent, ils porteront toujours leur histoire avec eux.

En effet, leur passé est toujours présent de manière tangible ou intangible : ils continuent de répéter les mêmes vieilles routines que le monde extérieur voit ou perçoit quels que soient leurs efforts conscients ou inconscients pour les cacher.

Ceci est encore plus pertinent pour ceux qui ont eu un passé douloureux : ils ont tendance à le couvrir. Cependant, lorsqu’enfin, ils décident d’investir du temps pour un travail de leadership, ils constatent rapidement qu’ils peuvent transformer leur douleur en un potentiel riche et plein de ressources, non seulement pour eux mais aussi pour leurs équipes et toutes les parties prenantes de leur écosystème.

De manière générale, le fait de ne pas vouloir faire face à cette douleur et à ce chagrin génère des biais négatifs. Ces top managers qui ignorent ou nient leur passé commencent alors à développer un management de contrôle, accompagné d’un comportement autocratique.  Ils tombent dans le micro-management et bien sûr, sans aucune trace de délégation ou très peu. Pour eux, dans ce monde où nous devons tout savoir de manière rationnelle, il leur est quasi -impossible de dire « je ne sais pas ». Ils se cachent souvent de manière inconsciente, pour masquer un manque, derrière des comportements agressifs, passifs, distants, ou en conformité : une manière de se couper d’eux-mêmes et de leurs ressentis. Ils répondent ainsi aux injonctions internes « je dois être le meilleur », « tout doit être parfait », « je suis en sécurité si je ne prends pas de risques », « je ne suis pas suffisamment bon » etc.

Une fois qu’ils commencent à trouver le fil rouge entre leurs schémas cachés et leurs pensées inhérentes, ils deviennent alors conscients et peuvent donc commencer à les transformer. La charge émotionnelle de survie dans laquelle ils vivent depuis très longtemps peut alors être réduite.

C’est à ce moment-là que commence le processus de transformation : La clef dans le Leadership, c’est la conscience de soi.

C’est avec une prise de conscience que le mental change de mode opératoire le spectre des réalités est élargi avec une approche plus positive et holistique.

Avec ce processus continu de transformation, soulevant le voile sur une partie immergée de l’iceberg, les leaders disposent alors de la possibilité de se focaliser davantage sur les autres plutôt que sur eux-mêmes. La compréhension des biais négatifs personnels leur permettra alors de développer plus de tolérance, d’être moins dans le jugement et d’être dans l’écoute et dans la bienveillance.

Ils pourront prendre des décisions difficiles et courageuses quand cela s’avèrera nécessaire, co-construire avec leurs équipes pour aller tous ensemble vers une vision globale, porteuse de sens pour tout le monde. Un immense accomplissement collectif peut ainsi devenir possible grâce à des échanges ouverts et collaboratifs, basés sur l’authenticité et l’intégrité.

Le Leadership, c’est s’approprier son histoire personnelle, la transmuter pour devenir l’architecte de sa vie et permettre à l’autre de grandir ».

“Pas de boue, pas de lotus” – Thich Nhat Hanh

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